Professeur TSIKOMIA Amaîde Arsan Miriarison Université de Toliara,
RASOLONDRARIVO Herindrainy Valdano Doctorant Université de Toliara,
RAZAFIENDRINTSOA Dieudonné Gabriel Doctorant Université de Toliara,
RANAIVOANDRY Tsioharana Doctorant Université de Toliara.
Octobre 2024
INTRODUCTION GENERALE
Le thème du « droit et de la protection de l’enfant » est un enjeu international majeur depuis la fin de la Première Guerre mondiale. La Société des Nations, par l’entremise de Dame Eglantyne Jebb, fondatrice de l’organisation Save the Children, a formulé en 1924 la première déclaration en faveur des droits de l’enfant. Depuis, de nombreuses déclarations et conventions ont suivi, dont la Déclaration de 1959 sur les droits de l’enfant et la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) de 1989, le premier texte contraignant sur les droits fondamentaux de l’enfant.
Des conventions ont ensuite vu le jour, telles que le protocole additionnel de 1989 à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, visant à lutter contre la traite des personnes, et particulièrement des femmes et des enfants, ainsi que la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant adoptée en 1990 par l’Organisation de l’unité africaine (aujourd’hui Union africaine). Ce dernier texte illustre l’engagement de l’Afrique pour la protection de l’enfance sur les plans diplomatique, juridique et politique.
À Madagascar, des lois comme celle du 20 août 2007 sur les droits et la protection de l’enfant, et celle du 22 août 2016 sur la prise en charge des enfants victimes de violences ou en conflit avec la loi, témoignent de cet effort de protection. La promotion des droits de l’enfant, indicateur du développement d’un pays, s’exprime par la ratification des normes internationales et l’adoption de lois nationales, appuyées par des partenariats avec divers acteurs étatiques et non étatiques.
Les acteurs de cette protection incluent des organismes internationaux comme l’UNICEF et l’UNFPA, ainsi que plusieurs ministères malgaches (Population, Justice, Santé, Éducation, Jeunesse et Sports, Intérieur, Sécurité publique, Défense). En sociologie, des auteurs comme François Dubet et Émile Durkheim, qui se sont intéressés aux questions de jeunesse et d’éducation, offrent des perspectives utiles pour analyser la protection de l’enfance.
L’étude du droit et de la protection de l’enfant dans le sud de Madagascar permet d’observer sur le terrain les relations entre ces divers acteurs dans des communautés où les traditions influencent le respect des droits de l’enfant. En effet, le financement de la protection de l’enfance est parfois en contradiction avec les coutumes des ethnies locales (Sakalava, Vezo, Masikoro, Mahafaly, Antandroy, Antanosy et Bara), qui restent attachées à leurs traditions en dépit des cadres juridiques modernes.
Viennent ensuite les différentes conventions relatives à la protection de l’enfant telles que :
⮚ Le protocole additionnel à la convention des nations unies de 1989 contre la criminalité transnationale organisée visant à réprimer et punir la traite des personnes et en particulier celle des femmes et des enfants.
⮚ La Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant adoptée par l’Organisation de l’union africaine en 1990 (l’actuelle unité africaine)
1. PROBLEMATIQUE ET L’INTERETS DE RECHERCHE
Madagascar a ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) le 19 avril 1991, et depuis, les autorités exécutives, législatives et judiciaires ont mis en place des stratégies visant à promouvoir ces droits, notamment à travers l’adoption de nouveaux textes juridiques et la coopération avec des organismes internationaux. Cependant, de nombreux enfants dans le Sud de Madagascar continuent de souffrir de violations de leurs droits en raison de facteurs géographiques, économiques et socio-culturels.
Il est essentiel de trouver des solutions efficaces pour sensibiliser la population du Sud malgache à la protection de l’enfant. La révision des liens culturels et traditionnels pourrait contribuer à surmonter certains obstacles socio-culturels. De plus, la création d’une réglementation spécifique (Dina) et le renforcement des sanctions pour les violations des droits des enfants pourraient être envisagés.
Des organisations telles que l’UNICEF, l’UNFPA, le CRS et l’ACF sont déjà présentes pour soutenir les enfants dans le Sud, mais une amélioration de la coordination, de la sensibilisation et des actions sur le terrain est nécessaire. Enfin, il est crucial que les financements des organisations et programmes gouvernementaux répondent de manière efficace aux besoins réels de la société et au concept de protection de l’enfant.
Ainsi, cette recherche vise à identifier les leviers permettant de changer les mentalités et d'améliorer les conditions des enfants dans cette région.
● METHODOLOGIE
Les données rassemblées s'appuient principalement sur une enquête ethnographique de cinquante-deux entretiens, précisément trente-trois entretiens formels avec des parents et des enfants ; des représentants de chaque ethnie cible, dont des informations précieuses recueillies auprès de sept autres informateurs réguliers, et de nombreuses discussions informelles au cours d’observations participantes ; ainsi que dix-neuf entretiens avec des acteurs de l’enfant et des intervenants sociaux et élus, professionnels associatifs. Les observations se sont principalement déroulées sur la Région Atsimo Andrefana mais aussi dans d’autres Régions avoisinantes telles qu’Androy et Anôsy. Le travail repose également sur des données statistiques élaborées dans le cadre d’un partenariat avec l’Unicef sur 35.921 enfants ayant été mis à un dispositif de soutien, organisé par cet Organisme opérant à Madagascar. Nous exposons précisément le protocole d’enquête ci-après. Nous ne sommes pas investis dans les pratiques sociales interdites par la loi à titre personnel telles que le Tsenan’Ampela, Fotsimbarimbahiny etc, ce qui peut éviter le biais méthodologique d’une trop grande implication dans le milieu étudié, incommodant parfois le recul nécessaire à l’analyse. En revanche nous avons adopté la posture usuelle d’imprégnation propre à l’enquête prolongée auprès des acteurs et des victimes. Afin d’être rigoureux dans l’explicitation des motivations prévalant à ce travail de recherche comme le prônent de nombreux sociologues mais non sans nuances, cette enquête présupposait l’existence d’attitudes alternatives et engagées que nous souhaitions explorer et mettre en avant au cours du travail.
● Mais l’exploration de terrain a permis de mettre au jour l’ambivalence et la complexité des mondes vécus, des discours et des représentations des personnes rencontrées en majeur partie des jeunes filles.
● Dans une partie subséquente, nous nous penchons sur la démarche méthodologique : nous allons décrire les sujets de l’étude, et y poser des hypoArticles argumentées.
● Les méthodes que nous utiliserons dans le cadre de ce travail de recherche seront la récolte des données sur le terrain et à travers les centres de documentation publics ou privés, sans laisser de côté les méthodes d’enquête. Nous nous focalisons sur l’opérationnalisation de notre concept et de nos indicateurs; et cela aboutira à une analyse statistique. Pour ce faire, nous avons établi les questionnaires d’enquêtes utilisés sur le terrain, l’identification des problèmes économiques, géographiques et socio-culturels pour enfin apporter des solutions envisageables pour la société.
● La collecte des données aide dans les résolutions des différents fléaux qui nuisent aux droits de l’enfant. Nous avons aussi fait des recherches documentaires concernant les situations démographiques, économiques et sociales, sur le plan mondial ainsi que sur le plan national relatives aux droits de l’enfant. Les ouvrages, les documents, les articles concernant ce thème ont été consultés et pris en considération. Ensuite, une observation directe sur terrain a été entreprise pour connaitre la raison et les différentes origines possibles des violations des droits de l’enfant dans le Sud de Madagascar.
● Puis, des comparaisons de revues par rapport aux données réelles ont été menées, car le suivi de la situation des enfants est très complexe et journellement une multitude de facteurs causent des griefs aux enfants dans ces communautés.
● 2.1 Une enquête ethnographique
● L’approche anthropologique choisie a pour finalité de prendre en considération les représentations sociales et les expériences vécues en explorant des systèmes de valeurs, des attitudes et des pratiques singulières. Il s’agit de connaître le point de vue des acteurs de la société sur le déroulement des faits, les pratiques, leur coutume et le fonctionnement des institutions. Cette approche suppose de mener une enquête ethnographique permettant une analyse au plus près de la réalité en train de se faire. Effectuer une recherche sur des scènes locales (telles que le Tsenan’Ampela chez l’éthnie Bara, le phénomène de Fotsimbarimbahiny presque partout dans le Sud, le concept de Anaky fihisa chez les Vezo, Rahavave chez les Antandroy) représente typiquement l’étude d’un milieu comme univers de constitution du corpus empirique. Le choix des scènes locales dans le Sud de Madagascar répond à plusieurs critères :
● la pertinence théorique de la protection de l’enfant et des droits fondamentaux de l’enfant que l’on soulignera en première partie étudié en comparative avec les réalités et vécues comme entrée cohérente de recherches académiques,
● la typicité du milieu choisi : dans la zone Sud certaines localités comme Mangily dans le district de Toliara II, Androka dans le district d’Ampanihy, Ambovombe et ses périphéries dans la Région Androy répondent aux caractéristiques typiques donné par l’Unicef et l’UNFPA dans le cadre cette études de la protection de l’enfant.
● la possibilité d’apprendre avec le milieu exploré : les multiples relations et interactions constituant les scènes locales toujours en mouvement, ont effectivement permis de découvrir de nombreuses thématiques transversales au sujet étudié,
● l’intérêt du milieu étudié : le Sud de Madagascar a la particularité d’avoir été fortement touché par la crise économique, suite à quoi de nombreuses politiques culturelles s’y sont développées pour tenter d’y pallier,
● l’accessibilité au terrain : RN7, RN34 RN10 et RN13 notre ancrage dans le Sud de Madagascar a permis d’explorer en profondeur les modalités d’avènement de violations des droits de l’enfant dans les quatre Régions qui forment l’ex-province de Toliara.
● 2.1.1 L’échantillonnage par cas multiples : diversification et saturation
● Un échantillon désigne le résultat d’une opération visant à constituer le corpus empirique d’une recherche. Les échantillons par cas multiples ne visent pas la représentativité statistique mais la diversification comme critère majeur de sélection. L’idée est de diversifier les cas rencontrés afin d’inclure le plus grand nombre de cas possibles, indépendamment de leur fréquence statistique.
● La saturation empirique désigne le phénomène par lequel les nouvelles données de terrain (entretiens et observations) n’apportent plus d’informations suffisamment nouvelles pour justifier de les poursuivre.
● Le principe de saturation, comme pour n’importe quelle étude, ne peut rendre compte du réel dans sa totalité. La saturation est moins un critère d’échantillonnage que d’évaluation méthodologique, elle indique quand le chercheur arrête la collecte des données, ce qui a été le cas pour nous en fin d’année 2021, le terrain ayant commencé véritablement au début de l’année 2018 . Aussi la saturation des informations au sein des zones locales étudiées, permet de généraliser les résultats auxquels les acteurs analysés appartiennent, c’est une généralisation empirico-analytique.
● L’échantillonnage par cas multiple peut être élaboré avec une méthode dite par contraste, le but étant de parvenir à une totalité contrastée (pour se représenter la méthode on peut utiliser l’image d’une mosaïque que l’on construit à l’aide de la diversification des couleurs). Le contraste est recherché par le biais de variables spécifiques directement rattachées au problème étudié. La pertinence de ces variables est assurée par le choix d’une démarche inductive, des hypoArticles empiriques permettent de juger de leur importance en tant que source de contraste. En l’occurrence nous avons cherché à rencontrer des jeunes enfants victimes et des représentants des sociétés aux expériences et pratiques variées.
● La délimitation du terrain et des entretiens est en rapport au nombre de personnes rencontrées, mais également parce que la dimension publique de la pratique engage de manière particulière les zones concernées.
● Ce contraste entre le nombre de dates et le type de pratique s’explique à travers des diversités culturelles, permettant de saisir la pluralité des acteurs et des expériences en jeu. Ce qui se justifie notamment par le fait que chaque Région peut connaître des étapes très différentes dans sa conception de droit et protection de l’enfant.
● Ce qui fait que les groupes sont des collectifs assez peu stables dans le temps alors que la pratique en revanche l’est, en termes de temps investi et de nombre d'années de pratiques. La multiplication des expériences de groupes amène donc inévitablement à la diversification des cas.
Afin de saisir au plus près les expériences vécues des enfants dans ces milieux, notamment au travers de récits de vie, nous avons privilégié des entretiens non-directifs. La méthodologie d’enquête reposant sur la réalisation d’entretiens non-directifs suggère qu’au-delà de trente à quarante entretiens la collecte des données peut prendre fin. De manière générale au-delà de ce seuil, on ne recueille plus d’informations véritablement nouvelles. Dans tout entretien, l’interviewé relate des attitudes et des représentations culturelles, mais ces représentations se diffèrent d’une ethnie à une autre en rapport au groupe social auquel ils se rattachent. L’information ne porte pas sur un individu particulier mais aussi sur le membre de multiples groupes sociaux et en tant que modèle d’une expérience sociale. En l’occurrence nous avons mené cinquante-deux entretiens au total, dont trente-trois avec des enfants, et dix-neuf auprès de parents, personnels associatifs, acteurs de protection de l’enfant, des enseignants, des religieux, des notables, des élus et des hauts responsables comme le Gouverneur de Région Androy et d’Atsimo andrefana. Ce nombre d’entretiens représentait le point de saturation théorique qui s’est vérifié de façon empirique, nous n’apprenions plus de nouvelles informations, cependant nous avons continué à garder un pied sur le terrain en menant des observations participantes afin de nous tenir au courant de l’actualité des groupes et des nouveaux phénomènes rencontrés, des pratiques observées, afin de vérifier qu’elles n’aient pas trop changées entre la réalité du terrain et la rédaction du présent document.
2.1.2 Collectes des données numériques
Nous allons intégrez également des données provenant d’internet, telles que des témoignages et discussions sur des réseaux sociaux, ce qui montre l’adaptation de la recherche aux nouvelles dynamiques de communication numérique. Cette démarche permet de recueillir des informations de la part des jeunes qui utilisent intensivement ces plateformes pour échanger et dénoncer des pratiques sociales. L’ethnographie en ligne suscite des questions d’éthique (information des personnes), et de validité des données au même titre qu’une ethnographie sur le terrain.
2.1.3 L’anonymisation des données
L’anonymisation s'appuie sur une posture déontologique qu'il convient de présenter. Anonymiser certaines données identitaires est envisageable au sens où les pratiques étudiées comme le Fotsimbarimbahiny ou Tsenan’Ampela s'inscrivent au travers des dispositifs juridiques Malagasy « coutume contra legem » mais la particularité même est importante pour comprendre le fonctionnement des sociétés locales. Donc pour garder une cohérence et une intelligibilité locale, les circonscriptions étudiées ont été décrites de façon détaillée ou directement nommées comme Isoanala dans le district de Betroka, dans la Région Anosy.
En revanche une des conventions en sciences sociales consiste à anonymiser les prénoms, de fait, la quasi-totalité des prénoms ont été mis à l’anonymat afin de garantir le respect des identités dévoilées lors des entretiens basés sur la confiance accordée par les personnes rencontrées. Car l’objectif n’est de poursuivre en justice un individu quelconque qui tombe sous le coup d’une infraction mais de dénoncer les pratiques sociales et culturelles pérennisées dans certaines localités du Sud Malagasy afin de trouver des solutions adéquates pour la société elle-même et garantir un avenir meilleur pour les enfants.
Cette garantie d’anonymisation permet en outre d'obtenir des informations sur des cas délicats tels que la Pédophilie, le Tourisme sexuel, le Dahalo etc. Par contre concernant le nom de l’ethnie, cela était plus ardu voire périlleux de ne pas les citer.
2.2 Une méthode statistique
Ce travail d’Article repose également sur des données statistiques. Les données quantitatives utilisées tout au long de la présentation de cette Article sont issues d’une enquête que nous avons menée pour une association de soutien aux enfants victimes dans le Sud : Victimes de violences, Analphabètes, Victimes d’abandon scolaires, ou contraints à travailler ou contraint à se marier… Elle a porté sur des Enfants (n=359 répondants), l’unité statistique étant l’enfant et non l’ethnie.
La participation de l’Unicef, l’UNFPA et l’ONG Bel-Avenir se repose sur l’accompagnement des enfants en état d’urgence sanitaire ou victimes de violences. Et c’est dans ce cadre que nous avons mené l’enquête dont nous utilisons les données comme cadres généraux des pratiques étudiées dans cette Article. Evidemment cela comporte le biais d’une démarche d’inscription à un dispositif par les groupes, Ce pendant au vu du nombre des cas similaires, au vu de la correspondance entre les données issues du terrain ethnographique et les données chiffrées, au vu également du nombre de groupes rencontrés sur les zones étudiées nous avons choisi de les prendre en considération en précisant évidemment cette limite initiale de la restriction des données issues d’un dispositif singulier. Conséquemment il n’a pas été nécessaire de procéder à un échantillonnage de cette population, puisqu’en l’occurrence nous avons traité l’ensemble des données de la population obtenues.
Précisons que nous avons également collaboré avec le Centre Vonjy de Toliara : membre du réseau de protection des enfants (RPE). Ces collaborations nous ont permis d’étudier au plus près l’organisation des activités de ce centre sous tutelle de la Justice à l’égard des enfants . Ceci afin de mieux discerner les rôles qu’ils jouent dans les processus permettant à ces acteurs du RPE d’exister. Nous avons également participé en tant que bénévole à l’accompagnement psychologique des enfants victimes de violences au Centre d’écoute et de conseil juridique de Toliara.
Des expériences ont également enrichi la connaissance du fonctionnement interne des événements ponctuels et de l’activité de ces acteurs de la société des évènements tels que le Fitampoha chez les Sakalava, les Havoria chez les Mahafaly et les Antandroy ou le Tsena qui peuvent aussi être sources de ces violations des droits de l’enfant dans le Sud de Madagascar. C’était aussi l’occasion de rencontrer et d’échanger avec des gens issus de divers horizons et d’apprendre des cultures. En somme l’ensemble des acteurs qui concourent à l’existence des mondes de la zone Sud de Madagascar.
2.3 Cadre géographique de la zone d’étude
L'étude se concentre sur les régions de Menabe, Atsimo Andrefana, Androy, et Anosy, situées dans l'ex-province de Toliara. Ces régions sont toutes touchées par des violations des droits de l'enfant, liées à des facteurs économiques, géographiques et socio-culturels. L'étude se focalise particulièrement sur les scènes locales des régions d'Atsimo Andrefana et Androy, en examinant également les zones urbaines principales comme Toliara, Sakaraha, et d'autres villes clés.
La province de Toliara, jadis l'une des six provinces de Madagascar, couvrait une superficie de 161 405 km² et abritait une population de 2 229 550 habitants. En 2004, suite à une réforme administrative, Madagascar a adopté un nouveau découpage territorial qui a abouti à la création de 22 Régions, chacune étant une Collectivité Territoriale Décentralisée (CTD). Ce système permet à chaque Région de gérer son propre développement et l'aménagement de son territoire. Chaque Région est dirigée par un Gouverneur, qui représente l'État au niveau local. Depuis le 11 août 2021, le nombre de Régions est passé à 23.
Dans ce contexte, l'étude ethnographique menée dans ce travail de recherche se concentre sur quatre des 23 Régions issues de l'ancienne province de Toliara. Ces Régions sont particulièrement représentatives des dynamiques socio-culturelles et économiques du Sud de Madagascar, et permettent d'explorer les différents enjeux liés à la violation des droits de l'enfant dans ces zones géographiques.
2. RESULTAT ET DISCUSSION
3.2 Discussion juridique, sociologique compréhensive et pragmatique
L’arrière-plan ou cadre théorique permet de synthétiser les concepts et théories existants dans la littérature concernant le thème décrit dans la présente Article, et de justifier le choix de certaines approches. Ce cadre permet de généraliser des relations théoriques déjà prouvées dans d’autres contextes afin de les appliquer au problème présentement étudié : la violation des droits de l’enfant dans le Sud de Madagascar.
Il existe de nombreuses manières d’aborder les études sociologiques et juridiques comme celui, pour les pointer rapidement, nous allons présenter pourquoi nous en choisissons une en particulier le droit et protection de l’enfant dans la zone Sud.
Le sociologue père de la Sociologie Française Emile DURKHEIM affirme qu’il ne vaut pas la peine de dépenser une heure pour la sociologie si cela n’avait d’intérêt pratique. Il décrit l’individu pris d’influence de masse de sa société de manière importante jusqu’à sa perception de la réalité.
D’abord comment le paradigme culturel du Sud Malagasy traite l’enfant dans la société, puis le regard des textes internationaux et du droit positif Malagasy au concept d’enfant, et enfin le paradigme de la sociologie résultant de l’enquête sur terrain d’inspiration anthropologique permet d’étudier société et d’y apporter des propositions de solutions. C’est pourquoi cet arrière-plan théorique est indissociable du choix de la méthodologie utilisée pour mener cette recherche.
En effet, la façon d’approcher le terrain de manière ethnographique c’est-à-dire à travers les ethnies habitant du Sud Malagasy se justifie à l’égard à ce cadre théorique.
Le premier paradigme culturel synthétisé du Sud Malgache (Sakalava, Vezo, Bara, Masikoro, Mahafaly, Antandroy et Antanosy) semble ne pas comprendre l’enjeu de la protection de l’enfant, c’est notamment sur ce fait que la sociologie intervienne par exemple, elle s’attache à comprendre pourquoi le Tsenan’ampela éxiste ? Pourquoi le phénomène Fotsimbarimbahiny est né ? Pourquoi la société accepte le mariage d’enfant ? etc
Le second paradigme est celui du droit ou encore le paradigme juridique. Il est largement mis en avant par de nombreuses actions de nos jours que nous appelons droit de la deuxième génération. Lorsqu’on se demande ce que sont les droits fondamentaux des enfants par exemple, on s’en remet aux 10 droits fondamentaux de l’Unicef.
Dans le paradigme juridique, il y a donc l’étude des situations que vivent les enfants mais aussi les dires du droit face à ces faits. La conséquence se voit être très instructive mais uniquement en un temps et en un espace précis. Elle permet de rappeler la dimension juridique de la définition de ce que l’on entend par « enfant » et des actes répréhensibles envers les enfants.
Cette approche est dite constructiviste, c’est à dire que la réalité y est construite par les acteurs sociaux. Le constructivisme social désigne un courant de la sociologie contemporaine qui envisage la réalité et les phénomènes sociaux comme étant construits, c'est-à-dire créés, institutionnalisés et puis transformés en traditions. Le constructivisme se concentre sur la description des institutions et des actions en s'interrogeant sur la manière dont ils construisent la réalité. La réalité socialement construite est vue comme un processus dynamique : la réalité est produite par les personnes qui agissent en fonction de leur connaissance (qu'elle soit consciente ou non des conséquences pragmatiques de leurs actions).
Ce choix de la sociologie compréhensive se justifie à plusieurs titres. Tout d’abord nous refusons de nous inscrire dans une sociologie normative qui suppose que celui qui est en mesure de dire des choses et qui a une légitimité à le faire, dise et prescrive la façon dont il faudrait fonctionner. Ce positionnement n’est pas tenable parce qu’il ne répond pas aux critères d'objectivité observant l’originalité des traditions, mais aussi fondamentalement parce que la sociologie n’existe pas seulement pour changer le monde, elle existe aussi pour comprendre comment fonctionne le monde.
L’objectif de comprendre le monde « tel qu’il est », peut constituer une base pour penser au changement.
Cela-dit cet aspect reste toujours sujet à discussions, compte tenu de l’argumentation des personnes vivant la situation de leurs causes, ce qui fait que les sociologues de profession étudient les faits comme tels, de fait que les représentants des causes puissent défendre et peuvent trouver un intérêt à cette idéologie de leur société qui octroie une forme de légitimité sur l’ensemble de la cause défendue.
Exemple dans la société Vezo l’on accepte que la jeune fille à partir de 12 ans soit émancipée et écartée de la maison de famille ceci pour lui apprendre la liberté sexuelle. Cette même société accorde à la jeune fille l’opportunité d’avoir un enfant issu de test qu’ils appellent « Anaky fihisa » autrement dit enfant issu de jeu et rien de sérieux Pourtant, l’on parle ici de l’avenir d’un individu d’un nouveau-né et de sa mère qui est serait aussi une enfant.
La perspective explicative postule une connaissance de la société par le biais de faits extérieurs aux vécus des personnes. Or, la science qui se fonde sur les hommes ne peut prétendre trouver en dehors d’eux les raisons, l’explication de leur comportement. De fait le paradigme explicatif avait pour conséquence de réduire le social à une lecture univoque et simplifiée. D’où le choix de la sociologie compréhensive dont la tradition mise en place par Max Weber [1] consiste à comprendre les logiques des acteurs, en attachant de l’importance aux significations qu’ils donnent eux-mêmes plus ou moins consciemment de leurs expériences, au travers des explications qu’ils avancent pour justifier leurs actions.
L’origine du pragmatisme est philosophie, ce qui lui confère une histoire avec laquelle ne s’accordent pas tout à fait les sociologues. Cette méthode tournée vers le monde réel et initialement développée par Charles Sanders Peirce[2] et William James[3], appréhende les choses à partir de leurs implications pratiques. L’idée phare du pragmatisme est que la vérité se révèle au travers de l’expérience. Un courant de sociologie pragmatique s'est développé en France depuis les années 1980, Luc Boltanski, Francis Château raynaud ou Antoine Hennion s’en revendiquent. Antoine Hennion insiste sur le caractère pragmatique des pratiques culturelles.
3.2 Résultats attendus
L’action collective de tous les acteurs de la protection de l’enfant entre autre les différents départements ministériels est attendue pour impacter sur la société Sud Malagasy en particulier et la société Malagasy toute entière en général. Que les traditions et les pratiques qui détruisent les droits des enfants telles que la polygamie, le Tsenan’Ampela, la liberté sexuelle et le mariage ou union précoce et l’abandon scolaire soient comprises comme nuisibles et disparaissent de la société.
L’action individuelle et les efforts des individus sont également attendus pour faire sortir les enfants de ces situations multidimensionnelles néfastes pour l’avenir de l’enfant. Ainsi, beaucoup de membres de la population du Sud sont plutôt résignés par rapport à ces situations suite à l’ignorance et l’analphabétisme. Les réponses qu’ils livrent au cours des entretiens sont significatives : celle d’attendre les aides permanentes de l’Etat et des ONG humanitaires etc. Ils réclament de l’argent dans la mesure du possible et dès que l’occasion se présente.
Nicolas TACKIAN disait dans son ouvrage que « Lorsqu’on aime un enfant, on le protège de lui-même »[4]. Après avoir identifié les problèmes de la société Sud qui font griefs aux droits de l’enfant, le grand objectif est d’orienter la population vers un monde meilleur pour les enfants.
Car selon des adages juridiques bien connus : « nemo sensitur ignorare legem », « Dura lex, sed lex ». Nul n’est censé ignoré la loi, la loi c’est la loi même si c’est dure. Alors on doit protéger et apprendre la société à protéger et à respecter les droits de l’enfant.
3. CONCLUSION
Protection englobe prévention et lutte contre toutes formes de violences et d’exploitations. On distingue 04 types de maltraitances contre lesquelles il est du devoir de la société de les préserver de l’enfant :
La maltraitance physique qui se traduit par tout acte dommageable susceptible de nuire à l’intégrité physique de l’enfant. Tels que les coups et blessures volontaires, bastonnade, giflade…
La maltraitance psychologique ou morale qui tend à produire des conséquences considérables à la psychologie de l’enfant comme la menace, la contrainte morale etc
L’abus sexuel ou maltraitance sexuelle qui comme son nom l’indique se présente par tout acte à caractère sexuel pratiqué sur l’enfant. A l’exemple de viol, attouchement, excitation à la débauche etc
La négligence lourde qui est le fait pour les tuteurs ou les parents de l’enfant ou dépositaires de pouvoir sur l’enfant de le laisser sans surveillance.
Comme droit d’ordre psychologique de l’enfant on peut citer le droit à la non-discrimination, le droit de vivre en famille et le droit à la participation. Ce sont les objets de cette deuxième section. L’enfant doit être préservé de tout acte de discrimination quelle que soit sa base : raciale, de couleur de peau, de genre, de religions, ethnique, de fortune encore moins d’handicap.
Les textes et les conventions relatifs aux droits de l’enfant interdisent toutes discriminations que peuvent subir l’enfant. Par exemple en milieu scolaire, les responsables n’ont pas le droit de favoriser certains enfants et de léser d’autres à cause de la couleur de peau.
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2. Encyclopédie Microsoft Encarta en ligne, 2014
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[4] Citations et proverbes pour les enfants, avalanche de l’hôtel de Nicolas Tackian