La presse locale aux États-Unis traverse une crise sans précédent, accentuant les défis démocratiques. En 2023, plus de 130 publications ont mis la clé sous la porte ou ont été absorbées, creusant un vide d'information dans de nombreuses zones. Selon l'école de journalisme de la Northwestern University, cette année-là, le rythme de fermeture des journaux locaux s'est accéléré à une moyenne de 2,5 par semaine, une tendance alarmante.
Cette extinction rapide de la presse locale est jugée responsable de multiples maux actuels qui affligent la démocratie américaine. La désinformation, la corruption et la polarisation politique sont parmi les conséquences déplorables de cette disparition des médias locaux.
En moins de deux décennies, un quart des journaux américains ont mis fin à leurs activités.
Plus de 200 comtés sur les 3 143 du pays sont désormais considérés comme des "déserts d'information" : ils ne disposent plus d'aucun journal local. Dans plus de 1 500 autres comtés, il ne reste qu'une seule source d'information régionale, souvent un hebdomadaire. Cette situation signifie qu'un Américain sur cinq vit dans une zone de sous-information.
Steve Waldman, fondateur de Rebuild Local News, une coalition œuvrant pour la restauration des médias locaux, exprime ses inquiétudes : "La perte de ces journaux entraîne les populations locales dans une spirale de désinformation, de division et de polarisation". Contrairement à la scène nationale où les opposants sont souvent vus comme des ennemis, la presse locale permet de comprendre la dimension humaine des différences, favorisant la cohésion et la compréhension au niveau local.
L'approche des élections présidentielles de novembre a incité à la création d'initiatives visant à contrer cette tendance alarmante. Le rétablissement de la presse locale est désormais une priorité pour de nombreux groupes et associations, conscients de son rôle essentiel dans le maintien d'une société informée et équilibrée.