La réserve naturelle nationale de Saint-Martin (RNN 143) est une perle rare nichée au nord-est de l'île de Saint-Martin, couvrant une vaste superficie de 3 054 hectares. Cette aire protégée, créée officiellement en 1998 par un décret ministériel sous l’égide de la ministre Dominique Voynet, comprend une partie maritime de 2 796 hectares et une partie terrestre de 164 hectares, représentant une symbiose unique entre terre et mer. La réserve inclut le Rocher Créole, l'île Tintamarre, l'île Pinel, le Rocher de l'Anse Marcel, les îles Petite Clef et Caye verte, ainsi que le domaine public maritime des Salines d'Orient et de l'Étang aux poissons.
La création de cette réserve naturelle résulte d'une initiative commencée en 1981, relayée par des associations locales telles que « Oualichi » et « Action-Nature ». En 1992, une réunion de l'Observatoire de l'environnement menée par un sous-préfet a établi une liste de lieux à protéger, ce qui a conduit à la classification officielle en 1998. Ce processus marque une victoire pour la conservation de l’environnement, garantissant la protection des écosystèmes précieux de l'île.
Sur le plan écologique, la réserve abrite cinq écosystèmes principaux. La forêt sèche littorale, composée de formations xérophiles, côtoie les mangroves et les étangs dans la partie terrestre, tandis que les récifs coralliens et les herbiers de phanérogames dominent la partie maritime. La forêt littorale se distingue par des plantes de brousse telles que l'Herbe pérenne (Mariscus planifolius), le Ti-baume blanc (Lantana involucrata) et le Frangipanier blanc (Plumeria alba). Dans les zones les plus arides, on trouve l'Acacia bord de mer (Acacia tortuosa) et diverses cactées, dont le Cactus cierge (Cephalocereus nobilis) et les Raquettes (Opuntia dillenii).
Les mangroves de Saint-Martin, composées de quatre espèces de palétuviers (gris, blanc, noir et rouge), jouent un rôle crucial dans la protection des côtes et la préservation de la biodiversité marine. Les herbiers de phanérogames, véritables prairies sous-marines, abritent quatre genres d'algues (Syringodium, Halophila, Thalassia, Halodule) pour cinq espèces, contribuant à la santé des écosystèmes marins en fournissant nourriture et abri à une multitude d'espèces marines.
Les récifs coralliens de la réserve, peuplés de cnidaires, en particulier de scléractiniaires, sont des joyaux de biodiversité marine, essentiels pour la protection des côtes et le maintien de la vie marine. Ces récifs sont des habitats complexes et dynamiques qui supportent une variété d'espèces, contribuant à la richesse écologique de la région.
La faune de la réserve est tout aussi impressionnante, avec plus de 90 espèces d'oiseaux, notamment des oiseaux marins tels que le Grand paille-en-queue, le Petit paille-en-queue, la Sterne bridée, le Noddi brun et le Puffin de l’Herminier. Les étangs de la réserve abritent 85 espèces d'oiseaux, dont 27 espèces nicheuses comme le Petit chevalier à pattes jaunes et l'Échasse d’Amérique. La présence de ces oiseaux est un indicateur de la santé écologique de la réserve et un spectacle pour les ornithologues.
Les mammifères marins ne sont pas en reste, avec 33 espèces observées dans les eaux environnantes, y compris le Grand dauphin, la Baleine à bosse et diverses espèces de dauphins. La richesse de la vie marine est complétée par environ 160 espèces de mollusques, trois espèces de crustacés, huit espèces d'échinodermes et une centaine d'espèces de poissons. Les tortues marines, notamment la Tortue imbriquée, la Tortue verte et la Tortue luth, trouvent refuge dans les eaux protégées de la réserve.
La flore de la réserve est tout aussi diversifiée, avec des espèces caractéristiques des différents écosystèmes. Les mangroves, en particulier, sont des habitats critiques pour de nombreuses espèces et jouent un rôle vital dans la filtration des eaux et la protection des côtes contre l'érosion. Les herbiers marins sont également essentiels, servant de nurseries pour les poissons et de zones de pâturage pour les tortues marines.
La réserve naturelle de Saint-Martin offre également des opportunités uniques pour l'éducation et le tourisme. Quatre sentiers de découverte permettent aux visiteurs d'explorer la beauté naturelle de la réserve, tandis qu'un observatoire aux baleines situé entre Oyster Pond et Quartier d'Orléans offre un point de vue exceptionnel pour l'observation de ces majestueux mammifères marins. Ces sentiers et observatoires sont conçus pour minimiser l'impact humain sur l'environnement tout en maximisant l'expérience éducative et touristique des visiteurs.
La gestion de la réserve est assurée par l'Association de Gestion de la RN de Saint-Martin depuis le 29 juillet 1999. Le plan de gestion actuel, couvrant la période 2010-2015, vise à protéger les écosystèmes tout en permettant une fréquentation touristique durable. La réglementation de la réserve prend en compte les différentes activités touristiques, y compris la plaisance, la plongée sous-marine et les charters, afin de garantir que ces activités ne nuisent pas à l'écosystème fragile de la réserve.
La réserve nationale a été établie par un décret du 3 septembre 1998 et fait partie de la ZNIEFF (Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique) « Îlets Pigeon, Îlets de Petite-Terre, Îlet Tintamarre ». L’îlet Tintamarre est également une ZNIEFF de type 1 et une partie de la réserve est classée comme zone humide d'importance internationale selon la convention de Ramsar, soulignant son importance écologique mondiale.
En conclusion, la réserve naturelle nationale de Saint-Martin est un trésor écologique qui illustre parfaitement l'importance de la conservation et de la gestion durable des ressources naturelles. Son histoire, ses écosystèmes diversifiés et sa faune abondante en font un lieu d'exception pour les chercheurs, les naturalistes et les touristes. La protection de cette réserve est essentielle pour préserver les richesses naturelles de Saint-Martin et offrir aux générations futures la possibilité de découvrir et d'apprécier ce patrimoine naturel unique. La réserve incarne une vision de la conservation où l'homme et la nature coexistent en harmonie, chacun bénéficiant de la présence et du respect de l'autre.