Y aura-t-il un défaut sur la dette souveraine de la nation la plus puissante si les républicains et les démocrates ne parviennent pas à un accord sur le plafond de la dette d'ici quinze jours ?
Le suspense entourant le dépassement, ou non, du plafond de la dette est une particularité de la vie politique américaine. En effet, les États-Unis sont le seul pays doté d'une limite de dette qui se rapproche fréquemment et de manière de plus en plus alarmante. Instauré en 1917 dans le but de faciliter les emprunts du Trésor américain sans attendre l'approbation du Congrès, le plafond de la dette a été régulièrement dépassé et augmenté à maintes reprises, sans véritable répercussion sur les marchés financiers. Cependant, depuis le début des années 2000, la question du dépassement de ce plafond suscite de plus en plus de débats houleux. La dette américaine ne cesse d'augmenter depuis plus de quarante ans, avec des facteurs tels que la crise financière, la pandémie de Covid-19 et actuellement la guerre en Ukraine qui contribuent à son alourdissement. Les États-Unis sont de loin le pays le plus endetté au monde, avec des levées de fonds en 2022 dépassant celles de tous les autres pays. Ainsi, lorsque le président en fonction ne dispose pas d'une majorité confortable au Congrès, comme c'est actuellement le cas de Joe Biden, la réponse à cette situation devient un véritable drame politico-financier.
En janvier, la dette américaine a déjà dépassé le plafond fixé à 31 400 milliards de dollars. Depuis lors, l'administration a dû ruser pour honorer toutes ses dépenses, mais la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a averti qu'à partir du 1er juin, il n'y aurait plus de marge de manœuvre. La menace d'un défaut sur la dette se rapproche chaque jour davantage en l'absence d'un accord entre les républicains et les démocrates. Cette menace fait trembler les marchés, et les analystes ont tous sorti leurs calculatrices pour évaluer les pertes potentielles. Le consensus est unanime : quelle que soit la durée du défaut, il aura des répercussions négatives sur la croissance et l'emploi. Les taux d'intérêt vont augmenter, entraînant une perte de marge de financement pour les entreprises et les ménages. Si ce défaut se prolonge, il ne manquera pas de provoquer une véritable panique sur les marchés financiers. Étant donné que la moitié de la dette américaine est détenue par d'autres pays, sa dépréciation appauvrira inévitablement ceux qui en détiennent, qu'il s'agisse de banques centrales ou d'investisseurs privés. Dans le contexte actuel de malaise des banques américaines, un scénario catastrophe semble se profiler à l'horizon.