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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Photo du rédacteurRavoavahy Raharimalala

Les Antandroy : un peuple résilient du sud de Madagascar

Madagascar abrite une mosaïque d’ethnies, parmi lesquelles les Antandroy, connus sous le nom de "Ceux des épines". Ce peuple pastoral réside dans l’extrême sud de l’île, dans la région aride de l’Androy, et est réputé pour ses traditions riches et ses coutumes ancestrales.

Il est souvent dit que les Antandroy possèdent des origines diverses, allant des influences arabes et juives à celles indo-pakistanaises. Ils vivent dans l'une des régions les plus austères de Madagascar et parlent un dialecte malayo-polynésien. On raconte que les habitants originels de cette région étaient les Karimbola et les Mahandrovato. Au XVème siècle, ces deux royaumes furent unifiés par le prince Andriamanare de Fort-Dauphin, formant ainsi le royaume des Antandroy. Cependant, cette unité ne dura pas longtemps, car au XVIIIème siècle, de nombreuses invasions et guerres intestines éclatèrent, souvent liées aux vols de bœufs, la principale source de richesse de la région.


Coutumes et croyances

Les Antandroy sont réputés pour être de vaillants guerriers et sont profondément attachés à leurs traditions ancestrales. On dit que leur territoire, s’étendant de Orombe à Bekily jusqu’à Fort-Dauphin, est marqué par un culte de la mort où le zébu joue un rôle central. Le nombre de zébus est un indicateur de richesse et de statut social. À la mort d’un individu, tout ou partie de son bétail est parfois sacrifié et consommé par la famille et la tribu, les cornes servant ensuite à orner la tombe du défunt. Plus le défunt est riche, plus sa tombe est imposante.


Les Antandroy maîtrisent l’art divinatoire et se réfèrent aux conseils de leurs devins, ou "Ombiasy", pour des décisions importantes, telles que la construction de tombes. Le cercueil, fait de deux troncs d’arbres vidés, est violemment secoué au cours d’une danse funéraire avant d’être enterré. Il est à noter que les tombeaux royaux peuvent mesurer jusqu’à 50 mètres de côté et sont ornés d’aloalo (sculptures en bois) et de statuettes mortuaires, bien que ces derniers soient souvent la cible de pillages.


Vie quotidienne et économie

La vie quotidienne des Antandroy est marquée par les défis posés par la sécheresse. Peu de cultures vivrières y sont pratiquées, principalement du manioc, de la patate douce et du maïs. Le lundi, jour de marché à Ambovombe, chef-lieu de l’Androy, on trouve divers produits locaux tels que des sagaies, des chapeaux Antandroy fabriqués à partir de bosse de zébu, des saphirs d’eau et une multitude de bijoux en argent. Les Antandroy sont en effet réputés pour être d’excellents orfèvres et spécialistes du tatouage.


Bien que l’élevage de bovins et de caprins demeure leur activité principale, de plus en plus de jeunes et de femmes se lancent dans la quête de saphirs à Tsihombe, située à environ 50 kilomètres de Beloha. Le tissage du "lamba mena" ou tissu en soie sauvage est également une activité pratiquée par les femmes à Ambondro, avec les produits vendus sur les marchés locaux. Il est aussi connu que certains Antandroy s’interdisent de manger du porc.


La danse et les chants funéraires

Les pratiques funéraires des Antandroy comprennent des danses et des chants spécifiques. La danse du Bilo, faite de transes, est très pratiquée pour, dit-on, extraire le mal. Le Beko, un chant funéraire a cappella, est typiquement Antandroy et consiste en des litanies accompagnant l’esprit du défunt. Ces traditions montrent à quel point les rites funéraires sont essentiels dans la culture Antandroy, reflétant leur respect pour les ancêtres et leur attachement aux coutumes ancestrales.


Les Antandroy, peuple de pasteurs itinérants du sud de Madagascar, représentent un riche patrimoine culturel ancré dans des traditions séculaires. Leur histoire, marquée par des migrations et des conflits, n’a fait que renforcer leur identité et leur mode de vie austère mais résilient. Leur attachement aux zébus, aux arts divinatoires et aux pratiques funéraires distinctives souligne l’importance de la préservation de ces coutumes dans un monde en perpétuelle évolution. Les Antandroy continuent de vivre en harmonie avec leur environnement, perpétuant ainsi l’héritage de leurs ancêtres.

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