Les Papous, populations autochtones de la Nouvelle-Guinée, une île partagée entre l’Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, possèdent une histoire fascinante et complexe. Leur diversité culturelle et linguistique témoigne d'une riche héritage que l’histoire et la géographie ont sculpté au fil des millénaires.
La Nouvelle-Guinée, située en Océanie près de la Mélanésie, est une terre partagée entre la Nouvelle-Guinée occidentale, sous souveraineté indonésienne, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les habitants autochtones de cette île sont appelés Papous. Leur histoire, culture et langue en font un sujet d'étude fascinant pour les anthropologues et les historiens.
Étymologie et premières mentions
L'origine du nom "Papou" est discutée. Introduit possiblement en 1526 par l'explorateur portugais Jorge de Meneses, ce terme aurait des racines malaises, "puah-puah" signifiant « frisé », en référence aux cheveux crépus des habitants. Des cartes du XVIe siècle mentionnaient une île appelée "Papoia" à l’est des Moluques. Par la suite, les Européens du XIXe siècle, tels que l’orientaliste William Marsden et le géographe Grégoire Louis Domeny de Rienzi, ont utilisé le terme pour désigner les habitants de la Nouvelle-Guinée.
Origines et migrations
Les Papous descendent des premiers habitants de la Nouvelle-Guinée, arrivés il y a environ 21 000 ans, lorsque l'île faisait partie de la masse continentale appelée Sahul, reliée à l'Australie. Ces migrations vers l’Australie et la Nouvelle-Guinée ont commencé il y a plus de 40 000 ans, favorisées par un niveau de la mer plus bas qu’aujourd’hui. Les Papous ont développé l'agriculture vers 7000 av. J.-C., domestiquant la canne à sucre et des racines, et maîtrisant l'irrigation vers 3000 av. J.-C.
Il y a 5 000 ans, l'élévation du niveau des mers a isolé la Nouvelle-Guinée du continent asiatique. Des migrations austronésiennes ont eu lieu environ 1 500 ans avant notre ère, apportant des techniques de navigation et influençant les populations côtières avec de nouvelles cultures et langues.
Relations et commerce
La côte nord de la Nouvelle-Guinée et les îles voisines sont une mosaïque linguistique, mêlant langues austronésiennes et papoues. Des relations anciennes existaient entre l’ouest de la Nouvelle-Guinée et le reste de l'archipel indonésien. Le poème épique "Nagarakertagama" (1365) du royaume javanais de Majapahit mentionne "Sorong", située sur la côte, parmi les contrées tributaires du royaume.
Les Moluques ont également entretenu des échanges avec l’ouest de la Nouvelle-Guinée, notamment l'île de Banda, commerçant avec certaines parties de la Nouvelle-Guinée. Des marchands des îles Kei et Aru avaient des relations commerciales avec la Nouvelle-Guinée.
Colonisation et exploitation
Après la conquête de Malacca en 1511, les Portugais ont rapporté l’existence d'esclaves de Nouvelle-Guinée. En 1660, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales attribua la suzeraineté sur la Nouvelle-Guinée au sultan de Tidore. Les Néerlandais ont fondé un fort en 1828, nommé Fort Du Bus.
La colonisation n’a réellement commencé qu’à la fin du XIXe siècle avec l’exploration de l’intérieur de l’île. Les Européens ont découvert les vallées de l’intérieur et leurs populations seulement dans les années 1920-1930. Aujourd'hui, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’un des pays les plus linguistiquement diversifiés, avec plus de 800 langues recensées.
Conflits et exploitation minière
En 1967, la compagnie minière américaine Freeport a signé un contrat pour exploiter le site de l'Ertsberg, et plus tard la mine de Grasberg, la plus grande mine d'or et troisième mine de cuivre au monde. Depuis, l'armée indonésienne a été impliquée dans des violences et tueries à grande échelle en Nouvelle-Guinée occidentale, entraînant la mort de milliers de Papous.
Les Papous de la Nouvelle-Guinée représentent une riche mosaïque de cultures et de langues, façonnée par des millénaires de migrations et d’interactions. Malgré les défis modernes, leur histoire témoigne de la résilience et de la diversité des peuples autochtones de cette île fascinante.