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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Nouvelle-Calédonie : « aucune société coloniale ne peut durer éternellement »

Éric Vuillard critique la gestion coloniale de la crise en Nouvelle-Calédonie et appelle à une réforme équitable et respectueuse des droits du peuple kanak. Découvrez ses arguments dans cette tribune percutante.



Dans une tribune parue dans Le Monde, l’écrivain Éric Vuillard exprime son inquiétude face à la gestion de la crise en Nouvelle-Calédonie par les autorités françaises. Il critique vivement la réponse répressive du gouvernement et déplore la cécité du président Emmanuel Macron vis-à-vis des aspirations du peuple kanak.


Un territoire sous administration Coloniale

La Nouvelle-Calédonie est encore considérée comme une colonie par le comité spécial de la décolonisation de l’ONU, étant l’un des dix-sept territoires « dont les populations ne s’administrent pas encore complètement par elles-mêmes ». Malgré les discours de modernité et de libéralisme de la France, Vuillard souligne que l’attitude envers la Nouvelle-Calédonie reste ancrée dans des pratiques coloniales, rappelant les méthodes de Napoléon III.


Le président Macron déclare que « aucune violence n’est acceptable », mais Vuillard pointe du doigt l’hypocrisie de cette affirmation, notant que la violence coloniale semble toujours plus tolérée que la résistance à l’oppression. Cette contradiction est au cœur de l’indignation de l’écrivain.


Soulèvement et répression

Depuis quelques jours, la jeunesse kanak s’est soulevée, provoquant des réactions indignées des dirigeants français. L’état d’urgence a été décrété, des renforts envoyés, et des bâtiments publics ainsi que des entreprises ont été incendiés. Vuillard se demande si cette colère n’est pas alimentée par des inégalités flagrantes en matière d’éducation, de santé et de revenus. Trente ans après les accords de Matignon, les actions du gouvernement réveillent des sentiments d’injustice bien ancrés.


Conscience et rébellion

Vuillard insiste sur le fait que les jeunes Kanak des quartiers périphériques de Nouméa ont une conscience politique et sociale. Il reconnaît que les indépendantistes préfèreraient éviter la violence, mais souligne que la réforme du corps électoral doit être retirée pour éviter de nouvelles tensions. Modifier ce corps électoral sans l'accord des Kanak, et sans un consensus global, est pour lui inacceptable.


Inégalités persistantes

Pour mettre fin à l’asymétrie historique entre les populations kanak et caldoches, Vuillard appelle à un partage équitable de l'accès à l'éducation, aux emplois, aux richesses et au pouvoir. Une société divisée ne peut prospérer sereinement, et aucune société coloniale ne peut perdurer indéfiniment sans réformes profondes et équitables.


L'hypocrisie du souvenir

Vuillard critique également l'hypocrisie des commémorations en métropole. La France célèbre les résistances passées, comme celles de Maurice Audin et Missak Manouchian, tout en réprimant les aspirations des Kanak. Cette dissonance entre les paroles et les actes crée une société désorientée, où l’admiration pour les luttes passées contraste fortement avec l’oppression présente.


La nécessité d'actes concrets

Pour Vuillard, il est essentiel que les discours de célébration des résistances passées soient suivis d’actions concrètes pour honorer les principes qu'ils prétendent défendre. Sans cela, les hommages deviennent suspects, et la société continue de pratiquer une politique brutale sous couvert de dialogue.


Vers une nouvelle époque

L'écrivain conclut en appelant à une nouvelle ère pour la Nouvelle-Calédonie, basée sur la reconnaissance des droits des Kanak et sur une gestion équitable des ressources et des opportunités. Pour lui, il est impératif que les autorités françaises adoptent une approche respectueuse et inclusive pour éviter que la société calédonienne ne soit déchirée par des conflits et des injustices persistantes.

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