Sous la présidence de Paul Kagame, l’arsenal de surveillance et de répression s’est appuyé sur le mouchard de la société israélienne NSO. Des figures de l’opposition et des proches du régime ont été ciblés pendant des années.
Le Rwanda, sous la présidence de Paul Kagame, a utilisé le logiciel espion Pegasus, développé par la société israélienne NSO, pour surveiller et réprimer les opposants politiques ainsi que certaines figures proches du régime. Ce logiciel permet de s’introduire furtivement dans les smartphones des cibles, offrant un accès total à leurs communications et données personnelles.
Diane Rwigara : une résistance inépuisable
Diane Rwigara, figure emblématique de l’opposition rwandaise, a annoncé, le 8 mai dernier, son intention de se présenter à la prochaine élection présidentielle prévue le 15 juillet. Son parcours est marqué par une lutte constante contre le régime de Kagame, malgré les intimidations et les campagnes de diffamation.
En 2017, Diane Rwigara avait déjà tenté de se présenter contre Paul Kagame. Cependant, sa candidature avait été invalidée par la Commission électorale, qui l’accusait de falsification de signatures. Parallèlement, des photos intimes, prétendument d’elle, avaient été diffusées en ligne, sans que leur origine ne soit identifiée. Ces événements l'avaient exposée à une campagne de diffamation virulente.
Un calvaire judiciaire et politique
Après l’élection de Kagame en 2017, Diane Rwigara avait été arrêtée et inculpée pour "incitation à l’insurrection". Elle avait passé un an en prison avant d'être acquittée en décembre 2018, en même temps que sa mère, Adeline, et quatre autres coaccusés. Cependant, même après sa libération, la pression des autorités rwandaises ne s’est pas relâchée.
Trois mois seulement après son acquittement, le numéro de téléphone de sa sœur, Anne Rwigara, figurait sur une liste de numéros identifiés comme cibles potentielles pour être infectées par le logiciel Pegasus. Cette révélation a été mise en lumière par des enquêtes sur la face sombre du régime de Kagame.
Pegasus : une arme de répression politique
Le logiciel Pegasus est connu pour sa capacité à infiltrer les smartphones sans que la victime ne s'en aperçoive. Une fois installé, il permet aux opérateurs d'espionner les appels, les messages, les e-mails et même d’activer à distance le microphone et la caméra du téléphone. Cette technologie est souvent vendue sous prétexte de lutter contre le terrorisme et le crime organisé, mais des enquêtes ont montré qu’elle est également utilisée pour cibler des opposants politiques, des journalistes et des activistes.
L'utilisation de Pegasus par le régime rwandais illustre comment les technologies de surveillance modernes peuvent être détournées pour réprimer la dissidence et maintenir un contrôle autoritaire.
La répression sous Kagame
Depuis son accession au pouvoir en 2000, Paul Kagame a transformé le Rwanda en un État autoritaire où la dissidence est peu tolérée. Les critiques de son régime, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, sont fréquemment surveillés, intimidés ou réduits au silence par divers moyens.
Les cas de Diane et Anne Rwigara ne sont que les exemples les plus médiatisés d'une répression plus vaste. De nombreux autres opposants politiques, journalistes et militants des droits de l'homme ont été victimes de harcèlement, d’arrestations arbitraires et de campagnes de diffamation.
Une surveillance internationale
Les révélations sur l'utilisation de Pegasus par le Rwanda font partie d'une enquête plus large sur l'utilisation abusive de ce logiciel espion dans le monde entier. Amnesty International et le consortium Forbidden Stories ont dévoilé que des milliers de numéros de téléphone appartenant à des militants, journalistes et opposants politiques ont été ciblés par Pegasus.
Cette situation met en lumière les dangers posés par les technologies de surveillance lorsqu'elles tombent entre les mains de régimes autoritaires. Elle appelle également à une régulation plus stricte de la vente et de l'utilisation de ces outils par les gouvernements.
Le combat de Diane Rwigara continue
Malgré les obstacles, Diane Rwigara reste déterminée à poursuivre son combat pour la démocratie et les droits de l'homme au Rwanda. Son courage et sa résilience inspirent de nombreux Rwandais qui aspirent à un changement politique et social.
"La lutte pour la liberté et la justice ne doit jamais cesser, peu importe les obstacles," a déclaré Diane Rwigara lors de l'annonce de sa candidature. "Nous devons continuer à nous battre pour un Rwanda où chaque citoyen peut s'exprimer librement et vivre sans peur de la répression."
Un appel à l'action
Les révélations sur l'utilisation de Pegasus par le régime de Kagame soulignent la nécessité d'une vigilance internationale accrue et de mesures pour protéger les droits de l'homme. Les technologies de surveillance doivent être régulées de manière à prévenir leur utilisation abusive par des régimes autoritaires.
Pour le peuple rwandais, la prochaine élection présidentielle sera un moment crucial. Elle représentera non seulement un test pour la démocratie dans le pays, mais aussi une opportunité pour les citoyens de choisir un avenir différent. Diane Rwigara et d'autres figures de l'opposition continueront de se battre pour un Rwanda libre et équitable, malgré les risques et les défis.