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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Photo du rédacteurAndriamihaja Rafanomezantsoa

Qui est Armand Fallières ?

Armand Fallières, huitième président de la République française, a laissé une empreinte indélébile sur la Troisième République par son pragmatisme, son sens de la conciliation et son attachement aux valeurs républicaines. Né le 6 novembre 1841 à Mézin, une petite commune du Lot-et-Garonne, Fallières gravit les échelons de la politique française grâce à son talent juridique et sa capacité à naviguer les eaux souvent tumultueuses de la politique de la Troisième République. Son mandat présidentiel, de 1906 à 1913, est souvent considéré comme une période de relative stabilité et de progrès, malgré les défis économiques et sociaux de l'époque.

Avant d'accéder à la présidence, Fallières avait déjà une carrière politique impressionnante. Avocat de formation, il devient maire de Nérac, député, sénateur, et finalement président du Sénat avant de se hisser à la plus haute fonction de l'État. Son parcours illustre une ascension patiente et méthodique, caractéristique de son style politique. Contrairement à certains de ses prédécesseurs plus flamboyants, Fallières est souvent perçu comme un homme discret et modéré, mais doté d'une détermination inébranlable et d'une grande habileté politique.

 

L'élection de Fallières à la présidence en 1906 survient dans un contexte de tension entre l'Église catholique et l'État, à la suite de la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905. Fallières, fervent défenseur de la laïcité, soutient fermement cette loi, voyant en elle une étape essentielle pour assurer la neutralité de l'État vis-à-vis des religions et renforcer les valeurs républicaines. Sous sa présidence, les tensions initiales se calment quelque peu, grâce à son approche pragmatique et conciliatrice. Il veille à ce que la laïcité soit respectée tout en évitant les affrontements directs avec les autorités religieuses, ce qui permet de stabiliser la situation.

 

L'une des marques distinctives du mandat de Fallières est son engagement en faveur des réformes sociales. Il soutient activement l'amélioration des conditions de travail et la protection des travailleurs, dans une période où les mouvements syndicaux gagnent en influence et en pouvoir. Fallières appuie notamment la législation sur les retraites ouvrières et paysannes, promulguée en 1910, qui constitue une avancée significative pour les droits des travailleurs en France. Cette loi, bien qu'imparfaite et limitée, pose les bases de la sécurité sociale moderne et témoigne de la volonté de l'État de prendre en charge les questions sociales de manière plus systématique.

 

Fallières est également un ardent défenseur de la paix et de la diplomatie. Son mandat est marqué par une politique étrangère visant à renforcer les alliances de la France et à prévenir les conflits. Il joue un rôle clé dans le renforcement de l'Entente Cordiale avec le Royaume-Uni et le maintien de relations stables avec les autres grandes puissances européennes. Sa diplomatie discrète mais efficace contribue à une période de relative paix et de coopération internationale, même si les tensions en Europe restent palpables.

 

Cependant, le mandat de Fallières n'est pas sans critiques. Son approche modérée et son style consensuel sont parfois perçus comme un manque de leadership dans les moments de crise. Certains contemporains lui reprochent de ne pas avoir pris des mesures plus audacieuses pour résoudre les problèmes économiques et sociaux de la France. Par ailleurs, son attitude réservée et son refus de s'engager dans des confrontations directes avec les forces réactionnaires lui valent des critiques de la part des progressistes, qui auraient souhaité des réformes plus rapides et plus profondes.

 

En matière coloniale, Fallières poursuit les politiques d'expansion de la France, avec une attention particulière aux colonies africaines et asiatiques. Bien que moins enthousiaste que certains de ses prédécesseurs sur les questions coloniales, il ne freine pas les ambitions impérialistes de la France. Sous son mandat, la colonisation continue d'avancer, avec ses lots de violences, de résistances et de controverses. Fallières, en homme pragmatique, voit dans l'empire colonial un moyen de renforcer la puissance économique et stratégique de la France, tout en étant conscient des tensions et des injustices que cela entraîne.

 

L'attachement de Fallières aux valeurs républicaines se manifeste également par son soutien à l'éducation publique et laïque. Il croit fermement que l'éducation est le pilier de la République et un outil indispensable pour former des citoyens éclairés et responsables. Sous son impulsion, les écoles publiques se développent, et l'accès à l'éducation devient une priorité nationale. Cette politique éducative contribue à réduire les inégalités et à promouvoir une société plus juste et plus égalitaire.

 

À la fin de son mandat en 1913, Fallières choisit de ne pas se représenter, conformément à la tradition républicaine de l'époque. Il se retire de la vie politique avec une réputation d'homme d'État intègre, dévoué à la République et aux valeurs démocratiques. Son départ marque la fin d'une ère de stabilité relative, avant que la France ne soit plongée dans les horreurs de la Première Guerre mondiale l'année suivante.

 

Armand Fallières décède le 22 juin 1931 à Villeneuve-de-Mézin, laissant derrière lui un héritage complexe mais globalement positif. Sa présidence, souvent vue avec nostalgie, symbolise une période de consolidation républicaine et de progrès social. Bien que critiqué pour son manque de dynamisme et son style modéré, il a su maintenir la stabilité et promouvoir des réformes importantes dans un contexte de tensions internes et internationales. Son engagement pour la laïcité, la justice sociale et la paix internationale reste un exemple inspirant de leadership républicain. Aujourd'hui, le nom de Fallières évoque une époque où la République française, malgré ses défis, a su avancer vers un avenir plus éclairé et plus juste, guidée par des principes de liberté, d'égalité et de fraternité.

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