Victor Augagneur, né le 16 mai 1855 à Lyon et décédé le 23 avril 1931 à Saint-Genis-Laval, fut une figure politique française marquante de la Troisième République. Médecin de formation, il se distingua particulièrement par son mandat de gouverneur général de Madagascar de 1905 à 1910, une période cruciale dans l'histoire coloniale française.
Avant sa nomination à Madagascar, Augagneur avait déjà une carrière politique bien établie. Il fut maire de Lyon de 1900 à 1905, où il mit en place des politiques sociales progressistes. Sa réputation de réformateur et d'administrateur efficace lui valut d'être choisi pour le poste de gouverneur général de Madagascar par le gouvernement français.
Arrivé à Madagascar en 1905, Augagneur hérita d'une situation complexe. L'île, devenue colonie française en 1896, était encore en phase de pacification et d'organisation administrative. Son prédécesseur, le général Gallieni, avait mis en place une politique de "pacification" musclée et jeté les bases de l'administration coloniale.
Augagneur entreprit de poursuivre et d'approfondir l'œuvre de Gallieni, mais avec sa propre approche. Il mit l'accent sur le développement économique de l'île, cherchant à moderniser l'agriculture et à exploiter les ressources naturelles. Il encouragea notamment la culture du riz, du café et de la vanille, ainsi que l'exploitation minière.
Sur le plan administratif, Augagneur renforça la centralisation du pouvoir colonial. Il divisa l'île en provinces, chacune dirigée par un administrateur français, réduisant ainsi le pouvoir des chefs traditionnels malgaches. Cette politique visait à consolider le contrôle français sur l'ensemble du territoire.
L'un des aspects les plus controversés de son mandat fut sa politique envers les missions chrétiennes. Augagneur, anticlérical convaincu, tenta de limiter l'influence des missions, particulièrement protestantes, qu'il voyait comme une menace à l'autorité française. Cette politique provoqua des tensions avec les communautés chrétiennes malgaches et les puissances protestantes, notamment la Grande-Bretagne.
En matière d'éducation, Augagneur poursuivit la politique d'assimilation. Il développa le système scolaire colonial, visant à former une élite malgache francophone et loyale à la France. Cependant, cette éducation restait largement réservée à une minorité, principalement urbaine.
Sur le plan sanitaire, domaine qu'il connaissait bien en tant que médecin, Augagneur s'efforça d'améliorer les conditions de santé publique. Il encouragea la construction d'hôpitaux et la formation de personnel médical local, bien que ces efforts restèrent limités par les contraintes budgétaires.
Le mandat d'Augagneur fut également marqué par des efforts pour développer les infrastructures de l'île. Il poursuivit la construction de routes et de voies ferrées, essentielles pour le contrôle du territoire et le développement économique. Le chemin de fer reliant Tananarive à la côte est fut achevé sous son mandat.
Cependant, la politique d'Augagneur ne fut pas sans critiques. Son style de gouvernance autoritaire et sa tendance à centraliser le pouvoir lui valurent des oppositions, tant parmi les colons français que parmi la population malgache. Ses politiques économiques, bien qu'elles aient stimulé certains secteurs, furent accusées de favoriser les intérêts métropolitains au détriment du développement local.
De plus, malgré ses efforts pour moderniser l'administration, Augagneur ne remit pas fondamentalement en question le système colonial. Les Malgaches restaient largement exclus des postes de responsabilité et soumis à diverses formes de discrimination.
Le mandat d'Augagneur prit fin en 1910, dans un contexte de controverses croissantes autour de sa gestion. Il retourna en France où il poursuivit sa carrière politique, devenant notamment ministre de la Marine en 1914.
En conclusion, le mandat de Victor Augagneur à Madagascar fut une période de consolidation du pouvoir colonial français et de développement économique de l'île. Ses politiques, bien que controversées, ont laissé une empreinte durable sur l'administration et l'économie de Madagascar. Son passage illustre les complexités et les contradictions de l'entreprise coloniale française au début du XXe siècle.