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L'ACTUALITÉ DE LA GRANDE ÎLE DEPUIS 1929

Qui était Marcel de Coppet ?

Marcel de Coppet, né le 20 avril 1881 à Paris, est une figure emblématique de l'administration coloniale française, surtout connu pour son rôle en tant que gouverneur général de Madagascar de 1936 à 1939. Issu d'une famille aristocratique, il bénéficie d'une éducation privilégiée qui le mène à l'École Coloniale, pépinière des administrateurs des colonies françaises. Son parcours est marqué par une vision plus humaniste de la colonisation, tentant d'apporter des réformes tout en naviguant les complexités et les contradictions inhérentes au système colonial.

En prenant ses fonctions à Madagascar, de Coppet arrive dans un contexte socio-économique difficile. La Grande Dépression a laissé des traces profondes sur l'économie de l'île, affectant particulièrement les populations rurales. De Coppet, conscient des enjeux, cherche à mettre en place des politiques économiques pour revitaliser l'île. Il soutient les initiatives agricoles, notamment la diversification des cultures pour réduire la dépendance aux produits d'exportation traditionnels comme le riz, la vanille et le café. Son approche privilégie également l'amélioration des infrastructures locales, mais avec une sensibilité plus marquée aux conditions de vie des Malgaches par rapport à ses prédécesseurs.

 

L'un des aspects notables du mandat de Marcel de Coppet est son attitude relativement progressiste envers l'éducation et la culture malgaches. Il reconnaît l'importance de l'éducation pour le développement de la société et soutient l'expansion des écoles, y compris celles destinées aux Malgaches. Il encourage également la préservation et la valorisation de la culture locale, une démarche qui contraste avec la politique d'assimilation culturelle souvent prônée par l'administration coloniale française. De Coppet est conscient que la richesse culturelle de Madagascar peut coexister avec les efforts de modernisation.

 

Cependant, les réformes et les initiatives de de Coppet ne se font pas sans obstacles. La résistance des colons, qui voient souvent les changements comme une menace à leurs privilèges, et la bureaucratie coloniale entravent régulièrement ses projets. De plus, la montée des tensions en Europe avec l'imminence de la Seconde Guerre mondiale pèse sur les ressources et les priorités de l'administration coloniale. Malgré cela, de Coppet tente de maintenir un équilibre entre les intérêts de la métropole et ceux des populations locales, une tâche ardue dans le contexte colonial.

 

Un autre aspect significatif de l'administration de de Coppet est son approche de la question de la main-d'œuvre. Contrairement à son prédécesseur Marcel Olivier et la mise en place du SMOTIG, de Coppet cherche à réduire le recours au travail forcé et à améliorer les conditions de travail des Malgaches. Il met en œuvre des politiques visant à offrir des opportunités d'emploi plus dignes et à encourager le développement des compétences locales. Cette politique lui vaut une certaine popularité parmi les Malgaches, bien que les changements soient souvent limités par les structures rigides du régime colonial.

 

La santé publique est une autre priorité pour de Coppet. Il promeut des campagnes de vaccination et des programmes de santé visant à lutter contre les maladies endémiques qui frappent durement la population. La construction de nouveaux centres de santé et l'amélioration des infrastructures sanitaires font partie intégrante de son plan de développement. Ces efforts reflètent une prise de conscience des besoins vitaux des Malgaches et une volonté de créer des conditions de vie meilleures.

 

Le mandat de Marcel de Coppet est également marqué par une attention particulière aux questions politiques et sociales. Il se montre ouvert au dialogue avec les leaders locaux et les intellectuels malgaches, cherchant à comprendre leurs aspirations et leurs revendications. Cette ouverture, bien que limitée par les contraintes du système colonial, permet de créer des espaces de discussion et de coopération qui posent les bases des futurs mouvements pour l'indépendance.

 

Malgré ses efforts pour introduire des réformes et humaniser l'administration coloniale, le mandat de de Coppet prend fin avec le début de la Seconde Guerre mondiale en 1939. Il est rappelé en France, laissant derrière lui un héritage complexe. Ses tentatives pour améliorer les conditions de vie et promouvoir le développement de Madagascar sont reconnues, mais elles sont souvent freinées par les réalités d'un système colonial profondément inégal et répressif. Après son retour en métropole, Marcel de Coppet continue de travailler dans l'administration française, mais il reste surtout associé à son expérience à Madagascar.

 

Marcel de Coppet décède le 3 novembre 1968 à Paris. Son passage à Madagascar laisse une impression durable, et il est souvent cité comme un exemple d'administrateur colonial tentant de naviguer entre les exigences de la métropole et les besoins des colonisés. Son approche, plus humaniste et réformiste, contraste avec celle de nombreux de ses contemporains et offre un aperçu des défis et des dilemmes de la gestion coloniale. L'étude de son mandat permet de mieux comprendre les dynamiques complexes de la colonisation française à Madagascar et les prémices des mouvements d'indépendance qui émergeront après la Seconde Guerre mondiale.

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