Ranavalona II, née Ramoma en 1829 et décédée le 13 juillet 1883 à Tananarive, occupe une place significative dans l'histoire de Madagascar en tant que reine dont le règne, de 1868 à 1883, est souvent interprété comme une période clé d'occidentalisation rapide du royaume. Cela s'est largement réalisé sous l'influence de son Premier ministre et époux, Rainilaiarivony, une figure politique influente issue de la classe Hova. Cette période a marqué une rupture nette avec les politiques autarciques de sa prédécesseure, Ranavalona Ire, et a ouvert la voie à une société malgache de plus en plus ouverte aux influences étrangères, principalement britanniques.
Ramoma est née dans un contexte où les intrigues dynastiques et les rivalités politiques étaient monnaie courante à Madagascar. Elle a grandi dans une période de transition pour le royaume, où les interactions avec les puissances étrangères, notamment les Britanniques, devenaient de plus en plus fréquentes et significatives. À la mort de sa première cousine, la reine Rasoherina, en 1868, Ramoma, sous le nom de Ranavalona II, monta sur le trône. Son accession au pouvoir a été facilitée par son mariage avec Rainilaiarivony, qui avait été le Premier ministre de Rasoherina. Ce mariage a été non seulement un arrangement politique pour stabiliser le pouvoir mais aussi un acte symbolique de continuité dynastique et de cohésion politique entre les élites Hova.
Rainilaiarivony, en tant que Premier ministre et consort de Ranavalona II, a joué un rôle central dans la gouvernance du royaume. Issu de la classe Hova, il représentait une faction politique et sociale qui cherchait à moderniser Madagascar en s'inspirant des modèles européens. Dès 1863, sous le règne de Rasoherina, il avait commencé à promouvoir une politique d'européanisation qui visait à intégrer Madagascar dans le commerce mondial et à moderniser ses structures sociales et économiques. Avec l'avènement de Ranavalona II, cette politique atteignit son apogée avec des initiatives audacieuses telles que la conversion officielle au christianisme protestant.
La conversion au christianisme protestant de Ranavalona II et de Rainilaiarivony fut un tournant majeur dans l'histoire religieuse et culturelle de Madagascar. En se faisant couronner « reine chrétienne », Ranavalona II éleva le protestantisme au rang de religion d'État, marquant ainsi une rupture nette avec les traditions de sa prédécesseure, Ranavalona Ire, qui avait résisté aux influences étrangères et maintenu un système de croyances autochtones. Cette conversion royale a eu des répercussions profondes sur la société malgache, déclenchant une série de réformes et de transformations sociales. L'adoption du christianisme a non seulement modifié le paysage religieux mais a également influencé les normes sociales et culturelles, favorisant une intégration accrue de Madagascar dans la sphère occidentale.
Les efforts d'occidentalisation sous Ranavalona II étaient visibles principalement dans les domaines religieux et éducatifs. Les missionnaires britanniques furent invités à s'établir plus largement à Madagascar, construisant des églises et des établissements scolaires à travers le royaume. Cette expansion missionnaire a non seulement promu le christianisme mais a également joué un rôle clé dans l'éducation formelle des Malgaches, marquant ainsi le début d'une transformation éducative majeure. Les écoles fondées par les missionnaires ont permis l'émergence d'une élite instruite, formée selon les normes occidentales, contribuant ainsi à l'émergence d'une nouvelle classe sociale qui jouera un rôle crucial dans les décennies suivantes.
L'impact de l'occidentalisation sous Ranavalona II ne se limitait pas à la religion et à l'éducation, mais s'étendait également à d'autres aspects de la société malgache. Les pratiques juridiques et administratives ont été réformées pour refléter davantage les normes européennes, consolidant ainsi le pouvoir central et modernisant l'administration du royaume. Les relations avec les puissances étrangères, en particulier les Britanniques, ont été renforcées, ouvrant Madagascar au commerce international et à une intégration croissante dans l'économie mondiale.
La capitale, Antananarivo, est devenue le centre de cette transformation sous Ranavalona II. Non seulement elle a été le siège du pouvoir politique mais aussi le foyer d'une nouvelle effervescence culturelle et intellectuelle. Les missionnaires britanniques et d'autres européens résidant à Antananarivo ont non seulement construit des églises et des écoles mais ont aussi facilité l'échange d'idées et de connaissances. La publication de l'Antananarivo Annual, une revue scientifique soutenue par les autorités royales, est devenue emblématique de cette ouverture intellectuelle et culturelle, marquant un point culminant dans le rôle d'Antananarivo en tant que centre d'échange intellectuel dans l'océan Indien occidental.
Les réformes entreprises sous Ranavalona II ont suscité diverses réactions au sein de la société malgache. Alors que certains segments de la population, en particulier les élites éduquées, ont accueilli favorablement les changements, d'autres ont résisté aux transformations rapides qui remettaient en question les traditions et les pratiques établies depuis des générations. Les tensions sociales et politiques sous-jacentes ont été exacerbées par les réformes, créant un climat de débat et parfois de conflit autour de l'avenir de Madagascar et de son identité culturelle.
En conclusion, le règne de Ranavalona II a été une période de transformation profonde pour Madagascar. Sous son leadership et celui de Rainilaiarivony, le royaume a connu une accélération significative vers l'occidentalisation, marquée par des changements religieux, éducatifs, juridiques et économiques. Cette période a jeté les bases d'une société malgache modernisée et plus intégrée dans le contexte mondial, tout en posant les fondations de débats persistants sur l'identité nationale et les héritages culturels. Ranavalona II reste ainsi une figure clé dans l'histoire de Madagascar, dont le règne a laissé une empreinte durable sur le pays et sa population.