Le président de la transition au Tchad, Mahamat Idriss Déby, a signé une seconde grâce présidentielle lundi 27 mars, accordant la libération de 259 des 262 personnes condamnées pour leur implication présumée dans les manifestations d'octobre 2022, provoquant des réactions contrastées de la part des soutiens et des critiques du gouvernement.
259 personnes, condamnées à des peines de prison de deux à trois ans pour leur implication présumée dans les manifestations d'octobre 2022 au Tchad, ont été graciées par le président de la transition Mahamat Idriss Déby. Le procès controversé avait eu lieu à huis clos, sans avocats ni médias indépendants, dans une prison de haute sécurité éloignée de la capitale. Selon les autorités, les condamnés avaient été jugés pour "faits d'attroupement non autorisé, destruction des biens, incendie volontaire, violence et voie de fait, coup et blessures volontaires, troubles à l'ordre public". Les réactions à cette grâce présidentielle sont contrastées, certains saluant la magnanimité du président, tandis que d'autres la considèrent comme une diversion pour brouiller les cartes sur les questions en suspens, notamment le nombre exact de victimes et de personnes disparues lors de la répression des manifestations. Les avocats des condamnés devraient poursuivre la procédure pour les faire blanchir.
L'enquête sur les manifestations d'octobre au Tchad se poursuit pour une vingtaine de personnes détenues à Ndjamena et environ cent autres dans la prison de Koro Toro, tandis que les autorités ont gracié 259 des 262 personnes condamnées en décembre pour leur participation présumée à ces événements. Ces condamnés avaient été arrêtés lors des manifestations qui ont fait au moins 128 morts, selon la commission nationale des droits de l'Homme du Tchad, et le procès avait été très contesté. Les ONG ont dénoncé des violations des droits de l'homme dans la répression des manifestations par les autorités. C'est la deuxième grâce présidentielle accordée en trois jours, après celle des 380 rebelles du Fact condamnés pour leur implication dans la mort de l'ancien président Idriss Déby Itno.