Madagascar en proie à de vives tensions post-électorales avec manifestations et violences dans plusieurs circonscriptions.
Les heures suivant le scrutin du 29 mai ont été marquées par de vives tensions dans plusieurs circonscriptions à Madagascar. Les accusations de fraudes et les incidents violents se sont multipliés, reflétant un climat électoral particulièrement tendu.
Manifestations à Ambatofinandrahana
À Ambatofinandrahana, les partisans de Christine Razanamahasoa sont descendus en masse dans les rues pour dénoncer des fraudes électorales présumées. Cette manifestation, survenue le lendemain du scrutin, a vu des centaines de personnes brandissant les couleurs de l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale et scandant des slogans contre ce qu’elles appellent une « tentative de manipulation de vote ». Les vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent l’ampleur de la mobilisation. Les manifestants étaient déterminés à défendre leur candidate contre ce qu’ils perçoivent comme des irrégularités électorales flagrantes. Pendant ce temps, les partisans du régime célébraient déjà la victoire imminente de leur candidat, Richard Razafindrabary, une avance cependant contestée par les partisans de Razanamahasoa.
Des accusations de fraude
Les accusations de fraude ne se limitent pas à Ambatofinandrahana. À Mahajanga, Christian Afakandro, candidat du Firaisankina, a rapporté des actes de violence dont il a été victime après avoir publié une vidéo montrant un homme suspecté de tentative de fraude, appréhendé par la gendarmerie. Afakandro, en tête selon les premières tendances dans sa circonscription, a affirmé avoir été battu par des inconnus et avoir reçu des menaces de mort. Ces représailles montrent le climat de tension et de suspicion qui règne entre les partisans de l’opposition et ceux du pouvoir. La situation risque de s’aggraver si des mesures ne sont pas prises pour garantir la sécurité des candidats et la transparence du processus électoral.
Tensions à Faratsiho
À Faratsiho, une situation similaire se développe. Nomenjanahary Ramilison, candidat du Firaisankina, s’est proclamé vainqueur face à Lalatiana Rakotondrazafy, soutenue par les partisans du pouvoir. Les deux camps revendiquent la victoire, ajoutant à la confusion et à la tension ambiante. Les partisans de Ramilison accusent ceux de Rakotondrazafy de manipulations électorales, tandis que ces derniers dénoncent des tentatives d’intimidation de la part de l’opposition. La région de Vakinankaratra est ainsi le théâtre d’une bataille acharnée entre les deux camps, chacun cherchant à faire entendre sa voix dans un contexte électoral déjà compliqué.
Confrontations à Antananarivo
Dans le 4ème arrondissement de la capitale, Antananarivo, les tensions sont également palpables entre Paul Bert Rahasimanana, dit Rossy, et les partisans de Désiré Rafidimanana, candidat de l’IRMAR. Rossy a déclaré avoir été victime de menaces, ajoutant que ses partisans ne cèderaient pas face à une « victoire au forceps » de Rafidimanana. Actuellement en deuxième position derrière Riana Andriamasinoro, candidat du Firaisankina, Rafidimanana pourrait néanmoins décrocher un siège à l’Assemblée nationale, une perspective qui exacerbe les tensions entre les différents camps politiques de la capitale.
Le rôle de la CENI
La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) publie les résultats partiels au compte-gouttes, sans qu’une tendance claire ne se dégage dans plusieurs circonscriptions, ce qui ne fait qu’ajouter à l’incertitude et à l’anxiété. Les accusations de fraude et les incidents violents qui en découlent montrent l’importance d’un processus électoral transparent et sécurisé. La CENI doit donc redoubler d’efforts pour garantir l’intégrité des résultats et apaiser les tensions. La publication rapide et transparente des résultats pourrait contribuer à dissiper les doutes et à calmer les esprits.
Violences et sécurité
Les violences électorales constituent une menace sérieuse pour la stabilité du pays. Les incidents à Mahajanga, où Christian Afakandro a été agressé, ainsi que les manifestations à Ambatofinandrahana, montrent que la sécurité des candidats et des électeurs doit être une priorité. Les autorités doivent prendre des mesures fermes pour prévenir et réprimer les actes de violence et d’intimidation. Une réponse rapide et appropriée est essentielle pour restaurer la confiance dans le processus électoral et assurer la paix et la stabilité dans les zones touchées par les troubles.
Les élections du 29 mai ont plongé Madagascar dans une période de tensions et d’incertitudes. Les accusations de fraude, les violences et les menaces entre partisans de différents camps politiques révèlent la fragilité du climat électoral. La transparence et la sécurité du processus électoral sont essentielles pour apaiser les tensions et garantir la stabilité du pays. Les autorités, la CENI et les forces de sécurité doivent collaborer étroitement pour assurer que chaque vote soit compté de manière juste et équitable, et que la volonté du peuple soit respectée. Dans ce contexte, les prochaines semaines seront cruciales pour l’avenir politique du pays.