Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis les premières élections libres de 1994, pourrait perdre la majorité absolue pour la première fois depuis la fin de l'apartheid lors des élections du 29 mai.
Mercredi 29 mai marque une date potentiellement historique pour l'Afrique du Sud. L'élection de la nouvelle Assemblée nationale, qui désignera le prochain président, pourrait voir le Congrès national africain (ANC) perdre sa majorité absolue pour la première fois depuis la fin de l'apartheid. Depuis les premières élections libres en 1994, avec Nelson Mandela en figure emblématique, l'ANC a dominé le paysage politique sud-africain. Mais aujourd'hui, le parti fait face à des défis sans précédent, menaçant sa position hégémonique.
Ramaphosa en Campagne : Un Message d'Espoir et de Renouveau
Samedi, lors de son dernier meeting de campagne à Johannesburg, le président Cyril Ramaphosa a tenté de rallier les électeurs en vantant le bilan de l'ANC et en promettant un avenir meilleur. Devant un stade de 95 000 places, presque plein mais sans grande ferveur, Ramaphosa a insisté sur un message "d'espoir et de renouveau". Il a promis de lutter contre le chômage massif, de rebâtir des services publics en déshérence, et de redynamiser une industrie stagnante, alors que la croissance économique du pays plafonne à une moyenne de 0,8 % par an depuis 2012.
"Nous devons travailler ensemble pour surmonter les défis auxquels notre nation est confrontée," a déclaré Ramaphosa. "Je m'engage à renforcer notre économie, à créer des emplois et à assurer que chaque Sud-Africain puisse vivre dans la dignité."
Les Défis de l'ANC : Une Reconnaissance des Défaillances
Dans les travées du stade, les militants de l'ANC reconnaissent volontiers les défaillances du parti. Après trois décennies de gouvernance, l'ANC est accusé d'avoir laissé le pays s'enfoncer dans une multitude de crises, notamment une corruption endémique, une économie en difficulté et des infrastructures en ruine. Le taux de chômage s'élève à 32,9 %, et plus de 18 millions de Sud-Africains dépendent des aides sociales mises en place par l'ANC.
"Il n'y a pas de travail, mais au moins ils font en sorte que tout le monde survive grâce aux pensions," explique Sibusiso Mkosi, un enseignant de 26 ans. "L'ANC a amélioré la vie de beaucoup de gens malgré les nombreux défis."
Une Rente Mémorielle : L'Héritage de la Lutte contre l'Apartheid
Cyril Ramaphosa mise également sur la "rente mémorielle" de l'ANC, rappelant l'héritage du parti dans la lutte contre l'apartheid. Pour de nombreux Sud-Africains, l'ANC demeure le symbole de la libération et de la lutte pour l'égalité. "L'ANC est du côté du peuple," affirme Bhekisizwe Mapela, un tapisseur de 56 ans. "Même s'il y a des problèmes, ils connaissent les aspirations des plus pauvres et ils se sont battus pour nous contre l'apartheid."
Ramaphosa a capitalisé sur ce sentiment en promettant de "faire mieux" et en rappelant les sacrifices du passé. "Mercredi 29 mai, notre peuple décidera si notre pays continue à avancer vers un avenir meilleur, ou s'il recule vers un passé terrible," a-t-il déclaré avec force.
Les Enjeux des Élections : Un Pays à la Croisée des Chemins
Les élections générales de 2024 sont un moment crucial pour l'Afrique du Sud. Si l'ANC perd sa majorité, cela pourrait ouvrir la voie à une ère de coalition et de nouvelles dynamiques politiques. Les électeurs sud-africains sont confrontés à un choix difficile : continuer à soutenir un parti qui, malgré ses faiblesses, a historiquement représenté leurs aspirations, ou chercher le changement avec des alternatives politiques.
Les partis d'opposition, notamment l'Alliance Démocratique (DA) et les Combattants pour la liberté économique (EFF), cherchent à capitaliser sur les faiblesses de l'ANC. Ils promettent des réformes radicales, une lutte renforcée contre la corruption, et des politiques économiques plus inclusives.
Conclusion : Vers un Renouveau ou un Changement Radical ?
Quelle que soit l'issue des élections, l'Afrique du Sud se trouve à un tournant. Si Cyril Ramaphosa parvient à convaincre les électeurs de donner une nouvelle chance à l'ANC, il devra mettre en œuvre des réformes substantielles pour répondre aux attentes de la population. Sinon, le pays pourrait voir émerger une nouvelle configuration politique, avec des coalitions potentielles et un paysage politique transformé.
Les résultats de ces élections détermineront le futur immédiat de l'Afrique du Sud, un pays riche en ressources et en diversité, mais aussi marqué par des inégalités profondes et des défis socio-économiques majeurs. Le scrutin du 29 mai sera ainsi scruté de près, tant par les Sud-Africains que par la communauté internationale, comme un indicateur clé de l'orientation future de cette nation emblématique.
Ces élections représentent bien plus qu'une simple bataille pour le pouvoir : elles sont un test pour la démocratie sud-africaine et une opportunité pour tracer un nouveau chemin vers un avenir plus prospère et équitable.